Faut-il construire en béton de chanvre ? Avantages, contraintes et mise en œuvre

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Pourquoi s’intéresser au béton de chanvre pour la construction d’une maison ?

Le béton de chanvre, aussi appelé chaux-chanvre ou « bio béton », est un matériau de construction éco-responsable de plus en plus prisé par les particuliers et les professionnels du bâtiment. Issu du mélange de chènevotte (la partie ligneuse de la tige de chanvre), d’un liant à base de chaux et d’eau, il représente une alternative durable face aux matériaux traditionnels comme le béton classique, souvent décrié pour son impact environnemental.

Cette solution s’inscrit dans une démarche de construction écologique. Que ce soit pour une maison neuve, une rénovation ou une extension, le béton de chanvre possède des propriétés thermiques et hygrométriques très intéressantes. Mais avant de faire ce choix, il convient d’examiner en détail ses avantages, ses limites et les exigences liées à sa mise en œuvre.

Les avantages du béton de chanvre en construction écologique

Le béton de chanvre est réputé pour ses qualités multiples, qui séduisent tant les architectes que les maîtres d’ouvrage à la recherche de solutions saines et performantes. Voici les bénéfices qui font de ce matériau biosourcé une option à considérer sérieusement.

Un excellent isolant thermique et phonique

Composé principalement de chènevotte, le béton de chanvre affiche d’excellentes performances isolantes. Il permet de réguler la température à l’intérieur des bâtiments sans recours excessif au chauffage ou à la climatisation. Il isole également du bruit grâce à sa porosité naturelle.

Ce pouvoir isolant naturel réduit considérablement les pertes énergétiques. Utilisé en mur porteur (avec structure bois), en doublage intérieur ou en dalle, le béton de chanvre participe efficacement à la réduction de la consommation énergétique du logement, ce qui le rend particulièrement attractif dans le cadre de la RE2020 (Réglementation Environnementale 2020).

Un matériau respirant et régulateur d’humidité

Le béton de chanvre est perméable à la vapeur d’eau, ce qui favorise une excellente régulation hygrométrique. Il laisse les bâtiments « respirer », réduisant ainsi les risques de condensation et de moisissures. Ce point constitue un avantage indéniable pour le confort intérieur et la qualité de l’air.

Un impact environnemental réduit

Le chanvre est une plante à croissance rapide, cultivée sans pesticide, et qui nécessite peu d’eau. Elle capte en plus du CO2 pendant sa croissance, ce qui en fait un matériau au bilan carbone très favorable. Le liant à base de chaux utilisé dans le béton a également la propriété de capter du dioxyde de carbone lors de son durcissement.

L’ensemble du cycle de vie du béton de chanvre s’inscrit ainsi dans une démarche bas carbone, durable, avec un faible impact environnemental par rapport aux matériaux de construction conventionnels.

Un matériau sain, sans émission de COV

Contrairement à certains isolants synthétiques ou à base de résine, le béton de chanvre ne dégage pas de composés organiques volatils (COV). Il contribue ainsi à créer un environnement intérieur sain, dépourvu de polluants. C’est un point important dans une optique de maison passive ou de bâtiment à haute qualité environnementale (HQE).

Les contraintes et limites du béton de chanvre

Malgré ses nombreux avantages, le béton de chanvre n’est pas exempt de limitations. Pour qu’il soit réellement efficace et durable, il est impératif d’en comprendre les spécificités techniques et les contraintes d’usage.

Un matériau non porteur

Le béton de chanvre ne présente pas de capacité porteuse. Il doit obligatoirement être associé à une ossature, généralement en bois, pour assurer la stabilité structurelle de l’ouvrage. Ce point entraîne une conception différente du bâti, nécessitant une bonne coordination entre l’architecte et les artisans.

Un séchage long et sensible aux conditions climatiques

Le temps de séchage du béton de chanvre peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois selon l’épaisseur et l’humidité ambiante. En construction neuve, ce paramètre doit être intégré dans le planning du chantier. Durant cette phase, le matériau est particulièrement sensible à l’humidité. Il est essentiel de le protéger de la pluie, notamment lors de la construction des murs extérieurs.

Un coût initial plus élevé

Le prix du béton de chanvre peut être dissuasif au premier abord. Son coût au m² est supérieur à celui des matériaux traditionnels, en particulier si l’on prend en compte le temps de mise en œuvre et les compétences supplémentaires requises. Toutefois, cet investissement initial peut être compensé à long terme grâce aux économies d’énergie et à la durabilité du matériau.

Une mise en œuvre technique et spécifique

La réalisation d’ouvrages en béton de chanvre requiert des compétences précises. Il ne s’agit pas simplement de couler du béton dans un coffrage. L’application se fait souvent manuellement, soit banchée, soit projetée, et demande une bonne connaissance du dosage idéal entre chènevotte, liant et eau. Faire appel à une entreprise spécialisée ou à un artisan formé est fortement recommandé.

Comment se déroule la mise en œuvre du béton de chanvre ?

La mise en œuvre du béton de chanvre varie selon l’usage prévu (mur, sol, toiture) et la méthode d’application. Elle suit toutefois une série d’étapes fondamentales.

Préparation des matériaux

Le béton de chanvre est fabriqué in situ ou en atelier. Il est composé :

  • De chènevotte certifiée pour la construction
  • De chaux aérienne ou NHL (naturelle hydraulique), adaptée à la respiration du matériau
  • D’eau en quantité contrôlée pour éviter les fissurations et assurer une bonne cohésion

Application selon la technique choisie

Il existe plusieurs méthodes de mise en œuvre :

  • Béton de chanvre banché : coulé entre deux coffrages le long d’une ossature bois
  • Projection mécanique : utilisée dans les travaux de plus grande ampleur ou pour une application homogène plus rapide
  • Pose manuelle : adaptée aux petites surfaces ou aux chantiers participatifs

Le choix de la technique dépend du budget, de la surface à traiter et des performances attendues.

Temps de séchage et finitions

Le béton de chanvre nécessite un séchage lent pour garantir ses propriétés. Durant cette phase, le bâtiment doit rester hors d’eau, hors d’air. Une fois sec, le matériau peut être enduit à la chaux pour les finitions, ou recouvert de bardage pour l’extérieur.

Il est essentiel d’utiliser des matériaux eux aussi respirants pour ne pas bloquer la diffusion de la vapeur d’eau. Cela garantit la durabilité du mur et le maintien des propriétés hygrométriques.

Le béton de chanvre : une solution à envisager pour une maison écologique

Construire en béton de chanvre répond aux aspirations actuelles en matière d’écoconstruction. Ce matériau végétal combine performances thermiques, respect de l’environnement et confort intérieur. Il s’inscrit parfaitement dans une volontée de bâtir durablement.

Néanmoins, cette solution implique des choix techniques rigoureux, une planification adaptée et un investissement initial à anticiper. Toutes les étapes, de la conception à la réalisation, doivent être maîtrisées pour profiter pleinement de ses avantages. Ainsi, pour ceux qui souhaitent conjuguer écologie, durabilité et performance, le béton de chanvre mérite toute leur attention.

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